EXKI
Exki de la gare centrale,
Mon regard s’attarde sur la terrasse
remplie à ras-le-bol, ce matin ensoleillé.
Là-bas une silhouette élancée
Me fait frissonner d’impatience,
Mais non, ce n’est pas toi
Certes l’élégance de l’inconnue
Te conviendrait bien
Mais la couleur de sa chevelure
Blonde comme un beau champ de blé
me paraît ce matin si terne
comparée à la tienne.
Enfin, un peu déçu
mais plus résolu que jamais,
j’entre dans la salle
bourrée à cette heure
de touristes avides d’un bon café
d’employés venant choisir leur sandwich
et de copains, comme moi,
heureux de se rencontrer.
Mais au sein de cette foule animée et bagarrée,
Je me sens seul
Et ne perds pas de vue l’entrée, par laquelle,
J’en suis sûr, tu vas bientôt apparaître…
Un instant de distraction sans doute,
Je ne sais comment tu es là,
mais te voilà,
face à moi,
Le sourire aux lèvres,
L’élégance qui t’habille comme un gant,
Même si chaque fois
Je te trouve si merveilleusement différente.
Un bisou chaste et rapide te sert de salut
et je dois bien m’accommoder
en ce lieu si peu discret.
Mais à vrai dire, depuis ton apparition,
Je ne vois plus autour de moi
que toi, ma beauté,
qui m’offre le meilleur de toi
sans pouvoir cacher,
cette fatigue,
qui ce matin joue
à cache-cache
avec ta beauté
qui heureusement surnage toujours.
J’aurais grande peine à résumer une conversation
Où nous nous partageons un peu
des richesses et des pauvretés
de notre quotidien.
A de petites remarques
si remplies d’attention,
sur ce manteau bien chaud
que tu voudrais bien m’aider
à acheter, je découvre mieux
ta tendresse cachée
que tu n’aimes pas étaler.
Et moi je rêve à ce jour prochain
où tu m’inviteras, j’espère,
à me reposer tendrement
toute une longue journée,
Dans tes bras,
tout près de toi ;
c’est mon eldorado à moi,
le seul paradis
qui me suffit.
Mais soudain,
à un léger raidissement,
sur ton visage, je comprends
qu’il est temps de nous séparer.
Avec grâce, tu te lèves
Tu m’invites aussi discrètement
que fermement
A me diriger vers la sortie,
Tu me proposes, bien sûr,
de t’accompagner un bout de chemin,
Et me souhaites bonne chance
pour le reste de ma journée.
Dans la rue, toujours si ensoleillée,
tu me souris aussi fort,
qu’à ton arrivée,
tu m’embrasses une fois encore,
avant de disparaître,
dans une foule qui redevient
mur opaque, qui peu à peu te cache.
Mais qu’importe ma nouvelle solitude,
elle n’est plus qu’apparente,
je repars vers de nouvelles rencontres,
tout ragaillardi, tout réconforté,
par ces quelques minutes,
tout près de toi, ma belle,
La terre, ma vie, mes projets
sont plus neufs que jamais
et déjà je pense au moment béni,
où nous nous retrouverons
en ces instants porteurs d’éternité
que, toi seule,
depuis tant et tant d’années,
me donnes à satiété.
Yvan Balchoy
11 novembre 2011