MEDECINS DU PEUPLE
Hier soir devant la télé
je suis resté éveillé
jusque bien tard
sans en avoir marre
ce qui est bien rare.
Face au présentateur
soucieux de laisser s'exprimer
en toute liberté
chacun de ses interlocuteurs
de pauvres gens
incapables de se soigner
dans une société
où les indigents
sont moins que néant.
Face à eux quelques médecins
sans préjugé ni frontières
ayant l'air
d'être aussi marginaux
parmi leur pairs
que leurs patients
qui, atteint de misèrite aigue
toute honte bue,
détaillent leurs maux
avec les mots tout simples
de ceux qui ne savent guère feindre.
Malades et médecins
pour une fois la main dans la main
ont détaillé longuement
le mécanisme infamant
qui peu à peu transforme l'Inami
en organisme de protection des nantis.
Tant pis pour le sans emploi
qui perdant son sang froid
incapable de payer ses dettes
tombe peu à peu dans la disette
perd ses biens
puis les siens
et se retouve un jour clochard
dans le hall d'une gare.
Si malade, il a besoin
de grands soins,
il aura bien de la peine
à se faire admettre aux urgences
comme s'il était une gène
pour les autres patients.
Ce pauvre homme
ne pourra rester que le strict minimum
comme si, coupable du "crime"de misère
il n'avait droit qu'au traitement le moins cher.
Aussi souvent il n'a pour se soigner
que le bus quelque peu délabré
des Médecins populaires
heureusement sans oeillères
qui soignent toute souffrance
sans s'inquièter de sa provenance
ni du compte financier
du malade à soigner.
En ne considérant pas les gens sur leur mine
en un temps où beaucoup de disciples d'Esculape
oublient leur serment d'Hyppocrate
ils font sans conteste l'honneur de la médecine.